A été remis au Premier ministre, le 3 juillet, le rapport sur l'analyse et la prévention des phénomènes de radicalisation. De nombreux jeunes seraient prêts à basculer dans le jihadisme.
Les attentats de janvier ont provoqué maintes réflexions sur les Français tentés par le jihad.
Après bien d'autres observateurs, le rapport décrit l'immense malaise qui frappe une partie de la jeunesse française et plus particulièrement celle issue, directement ou à la deuxième, voire troisième génération, de l'immigration des années 1970 à 2000.
S'ils quittent le spectacle de ce « monde anxiogène » pour s'interroger sur leurs conditions de vie personnelles, ces jeunes constatent les inégalités sociales où l'éclatement des familles joue un grand rôle. En 2011, une famille sur cinq est mono-parentale, près du tiers des familles sont pauvres, trois millions d'enfants vivent sous le seuil de pauvreté et près de deux millions de jeunes sont sans emploi et sans formation.
La crise sociale engendre d'énormes frustrations auxquelles les partis politiques ne répondent pas.
Il y a encore plus grave selon le rapport: La notion de République est inintelligible, comme diluée dans le libéralisme et la modernité, et le sentiment d'appartenance à une communauté nationale serait très affaibli.
Cette crise permanente peut conduire une partie de la jeunesse à basculer dans la violence. Les groupes violents sont divers mais seuls les groupes islamistes radicalisés sont potentiellement terroristes. Le jihadisme exerce sa puissance d'attraction - où le prestige de la kalachnikov a plus d'importance que celui du Coran - pas seulement sur des individus fragiles, mais sur des jeunes de tous milieux - y compris ceux dont la famille n'est pas croyante ou est de culture chrétienne, y compris les filles. Cultivée dans une certaine gauche, tout particulièrement à Mediapart, l'idée que le jihadiste est un ancien colonisé qui a grandi dans un milieu déshérité est cependant, selon le rapport, largement une fiction cultivée à des fins politiques. En 2015, le recrutement pour la guerre sainte se fait plus dans la petite bourgeoisie urbaine que chez les marginaux.
Face à la menace, les propositions émanant du rapport sont classiques, voire lénifiantes: elles portent sur le rôle de l'école, dévaluée par les réformes de l'enseignement, et sur des associations qui proposent bien peu face à la séduction jihadiste. Proclamer que la culture doit être une priorité relève du vœu pieux puisque, selon le rapporteur, « le corpus de valeurs » offert par la modernité est très faible. On ne le renforcera pas par décret.
Aussitôt rendu public, ce rapport a été contesté à cause de quelques approximations supposées et de la qualité de certaines personnes interrogées (on aurait entendu Frigide Barjot ! mais pas telle personnalité musulmane ? ). Un prétexte de plus pour ne rien faire sans doute, comme après tant d'autres rapports vite enterrés.
Patrick JOURON
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