Le rire, la moquerie, la dérision sont des entreprises de purification, de
déblaiement. Ils préparent des salubrités futures. ( Romain GARY )



mardi 21 juillet 2020

Il ne faut jamais dire, Fontaine, je ne boirai pas de ton eau...



L'âge venant, on comprend de mieux en mieux le sens de ce dicton populaire issu du Moyen Âge. 
Nous devrions être plus prudents lorsque nous évoquons le futur en évacuant d'un propos définitif notre avenir. C'est la sagesse. Une sagesse qui manque cruellement à nos politiques, surtout lorsqu'ils fréquentent les médias et que les réseaux sociaux se chargent de diffuser des paroles bien imprudentes.
Ces dernières semaines deux nouveaux ministres doivent regretter leurs déclarations. Mon ami Éric Dupond-Moretti est de ceux-là. À une journaliste qui le questionnait sur une éventuelle envie de faire de la politique, il avait répondu longuement pour dire que ce monde n'était pas le sien. Ce brillant avocat pénaliste ne semble vraiment pas fait pour la fonction, c'est juste, et il avait sans doute raison de se trouver beaucoup trop indépendant pour supporter la nécessaire solidarité gouvernementale. Trop libre, trop indépendant jurait-il ; et pourtant, le voilà qui accepte d'être ministre de la Justice, lui qui vilipendait les juges. Fontaine, je boirai goulûment ton eau!
Championne toute catégorie, Roselyne Bachelot ! Passée dans différents ministères depuis 30 ans, elle a dit et redit devant tous les micros qu'elle avait tourné la page. Dans lmission " Les grosses têtes ", qu'elle fréquentait assidûment en se laissant aller à quelques blagues faciles, elle s'est même lâchée assez méchamment sur Emmanuel Macron. Jamais au grand jamais on ne la reverrait sous les ors de la République, même pour le ministère de la Culture dont elle avait rêvé par le pas. Les réseaux sociaux ont reproduit un florilège de ses propos définitifs sur un éventuel retour au gouvernement. Et pourtant, la revoi, notre fringante septuagénaire, elle n'a pas mis longtemps à dire oui!
F
ontaine, je boirai toujours de ton eau, le devoir m'appelle!
Pardon, mais ces propos péremptoires devraient vous engager mesdames et messieurs les ministres. Nous autres, simples citoyens, nous aurons du mal à vous croire lorsque vous nous ferez, la main sur le cœur, de grandes déclarations. Tenez votre langue, renoncez aux bons mots faciles, et vous éviterez dtre pris pour des girouettes. Chacun d'entre nous a le droit de changer d'avis, mais le mieux, c'est d'éviter les propos définitifs! Tous, un jour, nous avons désiré ce que nous avions rejeté!

Patrick JOURON
Ex-Directeur de campagne de «  Et Pourquoi pas ! Pour Roquebrune »

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