On assiste actuellement à une curieuse dichotomie entre les dirigeants de l'UMP et du FN, d'un côté, et leurs électeurs, de l'autre.
Les deux grands événements du dernier week-end de novembre, qui ont vu l'élection de Nicolas Sarkozy à la tête de la première et la confirmation plébiscitaire de Marine Le Pen aux commandes du second ne doivent pas cacher les mouvements plus profonds qui traversent les deux formations. Il convient d'abord de se méfier de l'espèce d'engouement médiatique autour de certaines figures comme Alain Juppé. La popularité du maire de Bordeaux est indéniable, mais il apparaît surtout porté par une presse qui, par hostilité systématique à Nicolas Sarkozy, veut en faire non seulement le rempart contre l'arrivée du Front national au pouvoir mais aussi le garant de la non- abrogation des réformes sociétales réalisées par la gauche depuis 2012. Comme la cause socialiste, et non seulement hollandiste, semble définitivement perdue pour la prochaine alternance, la carte Juppé se profile comme celle d'une droite acceptable pour la gauche. De fait, plusieurs observateurs pensent que la véritable compétition se jouera entre deux candidats issus de l'UMP, l'un de tendance centriste allant jusqu'à une certaine gauche et l'autre plus résolument droitière. Nicolas Sarkozy - élu président de l'UMP avec 64,5% des voix alors que, il y a dix ans, il l'avait emporté avec 85% - l'a bien compris qui, tout en affichant une position de droite décomplexée, parle aussi d'alliances au centre, même s'il en exclut pour le moment le MoDem.
Du côté du Front National, se pose aussi la même question. Dans la droite ligne de son père, Marine Le Pen exclut toute alliance. Pourtant, un sondage Harris Interactive publié par Marianne a montré que 58% des sympathisants de l'UMP et du FN se montrent partisans d'accords entre leurs partis au deuxième tour des élections régionales.
Des clarifications devront donc être opérées dans les deux formations, qui entraîneront des conséquences pour leurs orientations politiques, économiques, sociales et culturelles. Celles-ci s'avèrent d'ailleurs nécessaires pour que ne soit plus promis n'importe quoi et que les candidats aient le courage de dire la vérité aux Français.
Patrick JOURON
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