Les révélations sur les djihadistes français de souche n'auront surpris que ceux qui voulaient bien s'aveugler sur un phénomène qui n'a fait que se développer depuis de nombreuses années. Même si on doit s'interroger sur la faiblesse psychologique de ces jeunes qui sont devenus des assassins, cette situation pose beaucoup de questions, notamment par rapport au vide et au manque d'idéal engendrés par l'éducation de leurs familles, de leurs établissements d'enseignement, de leur environnement religieux et même aussi de l'État sous toutes ses formes. Car renier son histoire personnelle et familiale ainsi que celle de son pays suppose une forme d'incompréhension, de désespoir et de dégoût qui doit être scrutée.
On doit mettre en avant la responsabilité des décideurs qui les vouent aujourd'hui aux gémonies après avoir, il y a quelques mois, voulu armer les" résistants" barbus à Bachar el-Assad. Cela ne peut que faciliter un affrontement qui pourrait bien amener à ce que le sang coule demain en Europe comme en Syrie.
Les discours de divers responsables et de quelques intellectuels, très médiatisés et donc très propagés, peuvent aboutir à exalter ceux dont l'idéal se résume à la décapitation ou l'égorgement de leurs prisonniers.
On a d'ailleurs constaté que, sous prétexte d'informer à tout prix, certains médias n'ont pas hésité, inconsciemment on l'espère, à valoriser les terroristes assassins en les qualifiant simplement de « combattants ». On retombe ainsi dans cette imprécision du vocabulaire qui mélange tout en mettant sur le même pied victimes et bourreaux et en usant de termes neutres comme « exécuter » alors qu'il s'agit d'une mise à mort ne relevant d'aucun jugement d'une quelconque autorité. En outre, c'est tout juste si on ne plaint pas ces « braves gars » que tout le monde connaissait localement et qui, bien sûr, étaient perçus comme « gentils ».
Non seulement ces djihadistes viennent de chez nous, mais ils vont y revenir. Et, pendant que l'on s'interroge sur les moyens de les neutraliser, eux se préparent. Il y a une trentaine d'années, les illuminés meurtriers d'Action directe ne représentaient guère que 200 personnes. Ceux d'aujourd'hui, selon le procureur de la République de Paris, seraient 1 132 et peut-être ne les a-t-on pas tous comptés.
Patrick JOURON
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