En finir avec les
« dépenses injustifiables», c'est ce que proposent les trois questeurs de l'Assemblée nationale. C'est ainsi que le premier volet d'un plan d'économies
prévoit la fin de la gratuité à vie du train pour les anciens députés ayant effectué plus de
trois mandats, mais aussi d'autres mesures concernant, par exemple, des avantages dont bénéficient les anciens présidents de l'Assemblée nationale. Plus significatifs, on évoque une comptabilité plus stricte des frais, voire un alignement progressif du
régime des retraites parlementaires sur le régime général. Le but de l'opération serait de dégager 1 million d'économies pour l'année 2017, et 15 millions par an vers la fin de la législature pour un budget total de 550 millions d'euros par an.
Raboter les « privilèges » des
parlementaires n'est pas un souci nouveau. Il y a bientôt dix ans, Jean-Louis Debré, alors président de l'Assemblée nationale, avait déjà lancé son propre plan d'économies. Pour une nouvelle majorité, l'occasion est bonne de jouer à moindre frais les chevaliers blancs de la morale publique. Les députés
(et les sénateurs) ont facilement mauvaise presse.
Cela tient pour une grande part à l'histoire des institutions
de la Cinquième République, dont l'aspect parlementaire n'a pas toujours été glorieux. L'installation du quinquennat, en détruisant l'équilibre institutionnel voulu par le général de Gaulle, a dangereusement favorisé l'arrivée de
majorités « godillots » totalement soumises à l'exécutif.
On s'en aperçoit quand, à la faveur d'un aussi large renouvellement que celui que nous venons de vivre, arrivent au Palais Bourbon, un grand nombre de néophytes. A quoi sert un député aujourd'hui?
Comme l'a remarqué René Dosière, ancien député socialiste et grand pourfendeur des gaspillages d'argent
public, il y a un aspect populiste
indéniable dans certaines des mesures proposées. Après tout, qu'importent quelques billets de train gratuits?
On oublie non seulement la réalité du travail parlementaire, mais aussi la nature même du mandat. Un député, pour être élu, à moins d'être fonctionnaire, doit mettre entre parenthèses sa vie professionnelle, sans garantie de retrouver son poste ou sa clientèle. Cela mérite considération.
On oublie non seulement la réalité du travail parlementaire, mais aussi la nature même du mandat. Un député, pour être élu, à moins d'être fonctionnaire, doit mettre entre parenthèses sa vie professionnelle, sans garantie de retrouver son poste ou sa clientèle. Cela mérite considération.
La fin du cumul des mandats, mais aussi la
lutte contre la professionnalisation de la vie politique peuvent être une bonne chose. La politique
ne doit pas être une rente à vie. Mais cela ne doit pas se traduire - fût-ce sous prétexte de
moralisation - par une restriction de moyens telle, qu'elle porterait atteinte à la
liberté du corps législatif.
Patrick JOURON
Président
de « Roquebrune Alternative 2020 »
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