Le rire, la moquerie, la dérision sont des entreprises de purification, de
déblaiement. Ils préparent des salubrités futures. ( Romain GARY )



mardi 14 novembre 2017

Nos « chers » parlementaires ?



 
 
En finir avec les « dépenses injustifiables», c'est ce que proposent les trois questeurs de l'Assembe nationale. C'est ainsi que le premier volet d'un plan d'économies prévoit la fin de la gratuité à vie du train pour les anciens députés ayant effectué plus de trois mandats, mais aussi d'autres mesures concernant, par exemple, des avantages dont néficient les anciens présidents de l'Assemblée nationale. Plus significatifs, on évoque une comptabiliplus stricte des frais, voire un alignement progressif du régime des retraites parlementaires sur le régime général. Le but de l'opération serait de dégager 1 million d'économies pour l'année 2017, et 15 millions par an vers la fin de la législature pour un budget total de 550 millions d'euros par an.
Raboter les « privilèges » des parlementaires n'est pas un souci nouveau. Il y a bientôt dix ans, Jean-Louis Debré, alors psident de l'Assemblée nationale, avait jà lancé son propre plan d'économies. Pour une nouvelle majorité, l'occasion est bonne de jouer à moindre frais les chevaliers blancs de la morale publique. Les députés (et les sénateurs) ont facilement mauvaise presse.
Cela tient pour une grande part à l'histoire des institutions de la Cinquième République, dont l'aspect parlementaire n'a pas toujours été glorieux. L'installation du quinquennat, en détruisant l'équilibre institutionnel voulu par le néral de Gaulle, a dangereusement favorisé l'arrivée de majorités « godillots » totalement soumises à l'exécutif. On s'en apeoit quand, à la faveur d'un aussi large renouvellement que celui que nous venons de vivre, arrivent au Palais Bourbon, un grand nombre de ophytes. A quoi sert un député aujourd'hui?
Comme l'a remarqué René Dosière, ancien puté socialiste et grand pourfendeur des gaspillages d'argent public, il y a un aspect populiste indéniable dans certaines des mesures proposées. Après tout, qu'importent quelques billets de train gratuits?
On oublie non seulement la réalité du travail parlementaire, mais aussi la nature même du mandat. Un député, pour être élu, à moins d'être fonctionnaire, doit mettre entre parenthèses sa vie professionnelle, sans garantie de retrouver son poste ou sa clientèle. Cela mérite considération.

La fin du cumul des mandats, mais aussi la lutte contre la professionnalisation de la vie politique peuvent être une bonne chose. La politique ne doit pas être une rente à vie. Mais cela ne doit pas se traduire - fût-ce sous prétexte de moralisation - par une restriction de moyens telle, qu'elle porterait atteinte à la liberté du corps législatif.

Patrick JOURON
Président de « Roquebrune Alternative 2020 »

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