Pierre Desproges avait ironisé: « quand Coluche est mort j'ai pleuré alors que quand Tino Rossi est mort j'ai repris deux fois des moules ». A quelques heures d'intervalle, à
la suite du décès de Jean d'Ormesson et de Johnny Halliday, deux voix se sont éteintes mais on les entendra encore longtemps
car elles sont gravées dans notre
mémoire.
L'un était la gloire, incarnait les anciens, la connaissance, la
littérature, la philosophie, le bonheur et l'art de vivre.
L'autre était l'idole qui représentait plusieurs générations et leurs espoirs quel que soient leurs âges, mais également l'amour et ce qui fait la vie avec ses joies.
L'autre était l'idole qui représentait plusieurs générations et leurs espoirs quel que soient leurs âges, mais également l'amour et ce qui fait la vie avec ses joies.
L'âge ne comptait plus et ils étaient tous deux très
modernes chacun dans son domaine ayant passé les époques, les modes, les
polémiques, l'histoire. On le lisait ou on l'écoutait en l'aimant ou non, mais ils faisaient rêver et on
aurait voulu être comme eux. Jean d'Ormesson avait eu tous les
honneurs de la République et de l'élite intellectuelle ou de celle qui se prétendait
telle, et populaire car les livres ouvrent l'esprit
de ceux qui n'ont pas eu la chance de naître au bon endroit
ou qui veulent approcher le savoir qui libère. Johnny avait eu tous les
honneurs du peuple qui aime ceux qui viennent de loin et
se sont hissés au sommet, ce qui vaut
toutes les médailles et l'Académie. Ils auront
eu, tous les deux et à juste titre, des funérailles que l’on peut qualifier de nationales; le
président de la République étant présent et pour l'un et pour l'autre.
J'ai beaucoup lu Jean d'Ormesson et
j’ai aimé son sens de la conversation, son humour, ses citations, comme André Malraux qui m'avait fasciné
quand j'étais adolescent pour son personnage et sa culture. J’ai
connu et apprécié mon pote Johnny, ses chansons et son immense talent
sur scène.
Jean était un raconteur d’histoires, de grandeur,
de sublime même parfois dans le trivial. Johnny donnait des leçons de vie
pratique, d’espoirs et de désespoirs qui se terminaient bien.
Il n’y a pas d’art mineur; il y a du talent ou
non et le public sait le reconnaître. Tous les deux étaient le symbole de
l’amour: courtois et parfois badin pour l’un, plus heurté pour celui qui
chantait le rock-and-roll. Ils ont chacun partagé les difficultés de la vie,
chacun à sa manière, car la réussite n’exclut pas les épreuves, comme pour tous
les hommes. Ils nous ont appris à vivre et c’est une leçon extraordinaire.
« Je
dirai malgré tout que cette vie fut belle » a conclu Jean d’Ormesson,
Johnny, lui, a cherché à « retenir
la nuit ».
Ils ont réussi leur pari: nous rendre heureux.
Au revoir et merci.
Patrick JOURON
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