Le rire, la moquerie, la dérision sont des entreprises de purification, de
déblaiement. Ils préparent des salubrités futures. ( Romain GARY )



mardi 19 décembre 2017


Pierre Desproges avait ironisé: « quand Coluche est mort j'ai pleuré alors que quand Tino Rossi est mort j'ai repris deux fois des moules ». A quelques heures d'intervalle, à la suite du décès de Jean d'Ormesson et de Johnny Halliday, deux voix se sont éteintes mais on les entendra encore longtemps car elles sont gravées dans notre  mémoire.
L'un était la gloire, incarnait les anciens, la connaissance, la littérature, la philosophie, le bonheur et l'art de vivre.
L'autre était l'idole qui représentait plusieurs générations et leurs espoirs quel que soient leurs âges, mais également l'amour et ce qui fait la vie avec ses joies.
L'âge ne comptait plus et ils étaient tous deux très modernes chacun dans son domaine ayant passé les époques, les modes, les polémiques, l'histoire. On le lisait ou on l'écoutait en l'aimant ou non, mais ils faisaient rêver et on aurait voulu être comme eux. Jean d'Ormesson avait eu tous les honneurs de la République et de l'élite intellectuelle ou de celle qui se prétendait telle, et populaire car les livres ouvrent l'esprit de ceux qui n'ont pas eu la chance de naître au bon endroit ou qui veulent approcher le savoir qui libère. Johnny avait eu tous les honneurs du peuple qui aime ceux qui viennent de loin et se sont hissés au sommet, ce qui vaut toutes les médailles et l'Académie. Ils auront eu, tous les deux et à juste titre, des funérailles que l’on peut qualifier de nationales; le président de la République étant présent et pour l'un et pour l'autre.
J'ai beaucoup lu Jean d'Ormesson et j’ai aimé son sens de la conversation, son humour, ses citations, comme André Malraux qui m'avait fasciné quand j'étais adolescent pour son personnage et sa culture. J’ai connu et apprécié mon pote Johnny, ses chansons et son immense talent sur scène.
Jean était un raconteur d’histoires, de grandeur, de sublime même parfois dans le trivial. Johnny donnait des leçons de vie pratique, d’espoirs et de désespoirs qui se terminaient bien.
Il n’y a pas d’art mineur; il y a du talent ou non et le public sait le reconnaître. Tous les deux étaient le symbole de l’amour: courtois et parfois badin pour l’un, plus heurté pour celui qui chantait le rock-and-roll. Ils ont chacun partagé les difficultés de la vie, chacun à sa manière, car la réussite n’exclut pas les épreuves, comme pour tous les hommes. Ils nous ont appris à vivre et c’est une leçon extraordinaire.
« Je dirai malgré tout que cette vie fut belle » a conclu Jean d’Ormesson, Johnny, lui, a cherché à « retenir la nuit ».

Ils ont réussi leur pari: nous rendre heureux.

Au revoir et merci.
Patrick JOURON

 

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