Le rire, la moquerie, la dérision sont des entreprises de purification, de
déblaiement. Ils préparent des salubrités futures. ( Romain GARY )



lundi 7 mai 2018

Le Service National Universel ?


 
C'était une des propositions du candidat Macron pendant la campagne présidentielle. Il s'agissait alors d'offrir « une expérience directe de la vie militaire » pendant une période d'un mois encadrée par l'armée et la gendarmerie. Aujourd'hui, l'objectif est plus modeste. Si la période d'un mois est retenue, le rapport présenté à l'Elysée le jeudi 26 avril prévoit surtout une formation aux secours, à l'acquisition de réflexes en cas de crise et à l'apprentissage des valeurs civiques et républicaines, sans parler du sport. Nous voilà loin de la caserne et du maniement des armes.
L'ancien service militaire, « suspendu. par Jacques Chirac en 1997 », fait encore l'objet d'une nostalgie tenace chez certaines nérations. Longtemps rite de passage à l'âge adulte, on le célèbre encore pour les valeurs qu'il était censé inculquer aux jeunes.  
Le nouveau Service National Universel, cher à Emmanuel Macron, risque de se heurter à de sérieuses difficultés ; lesquelles ressemblent fortement à celles rencontrées par l'ancien service militaire.
La première difficulté concerne le caractère universel. Qui dit universel dit obligatoire et il est peu vraisemblable que des jeunes en plein parcours scolaire ou universitaire, voire au seuil de la vie active, acceptent de bon gré une interruption d'un mois. Sans parler de ceux qui esquiveront légalement le problème. Que faire avec les jeunes qui ignoreront les convocations?
Faudra-t-il leur envoyer les gendarmes ou la police, y compris dans certaines banlieues ?
L'autre difficulté tient aux moyens. Quelle administration pourra prendre en charge le nouveau Service National ? L'armée, dans son format actuel, n'a plus les moyens de le faire. Quant aux administrations, telles que l'Education nationale, elles ont aujourd'hui d'autres priorités, sans parler du manque de moyens matériels et humains. Quant aux moyens financiers, ils exigeront un effort bien improbable. Rappelons qu'un rapport du Sénat, remis dès 2017, prévoyait un coût de 30 milliards d'euros sur cinq ans.
S'il veut que son projet de Service National Universel voie le jour, Emmanuel Macron devra convaincre beaucoup de monde, qu'il s'agisse des jeunes, premiers concernés, des militaires, mais aussi des parlementaires.

Le Service National Universel tel qu'il est envisagé aujourd'hui pose décidément bien plus de questions qu'il n'en résoudra.

Patrick JOURON

Président de Roquebrune-Alternative 2020

 

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