C'était une des propositions
du candidat Macron pendant la campagne présidentielle. Il s'agissait alors d'offrir « une expérience directe de la vie militaire
» pendant une période d'un mois encadrée
par l'armée et la gendarmerie. Aujourd'hui,
l'objectif est plus modeste. Si la période d'un mois est retenue, le rapport présenté à l'Elysée le jeudi 26 avril prévoit surtout une formation aux secours, à l'acquisition de réflexes en cas de crise et à l'apprentissage des valeurs civiques et républicaines, sans parler du sport. Nous voilà loin de la caserne et du maniement
des armes.
L'ancien service militaire, « suspendu. par Jacques Chirac en 1997 »,
fait encore l'objet d'une nostalgie tenace chez certaines générations. Longtemps rite
de passage à l'âge adulte, on le célèbre encore pour les valeurs qu'il était censé inculquer aux jeunes.
Le nouveau Service
National Universel, cher à Emmanuel Macron, risque de se heurter à de sérieuses
difficultés ; lesquelles ressemblent fortement à celles rencontrées par l'ancien
service militaire.
La première difficulté
concerne le caractère universel. Qui dit universel dit obligatoire et il est peu
vraisemblable que des jeunes en plein parcours scolaire ou universitaire, voire
au seuil de la vie active, acceptent de bon gré une interruption d'un mois. Sans
parler de ceux qui esquiveront légalement le problème. Que faire avec les jeunes
qui ignoreront les convocations?
Faudra-t-il leur envoyer les gendarmes ou la police, y compris dans certaines banlieues ?
Faudra-t-il leur envoyer les gendarmes ou la police, y compris dans certaines banlieues ?
L'autre difficulté tient aux moyens. Quelle administration pourra prendre en
charge le nouveau Service National ? L'armée, dans son format actuel, n'a plus les
moyens de le faire. Quant aux administrations, telles que l'Education nationale,
elles ont aujourd'hui d'autres priorités, sans parler du manque de moyens matériels
et humains. Quant aux moyens financiers, ils exigeront un effort bien improbable.
Rappelons qu'un rapport du Sénat, remis dès 2017, prévoyait un coût de 30 milliards
d'euros sur cinq ans.
S'il veut que son
projet de Service National Universel voie le jour, Emmanuel Macron devra convaincre
beaucoup de monde, qu'il s'agisse des jeunes, premiers concernés, des militaires,
mais aussi des parlementaires.
Le Service National
Universel tel qu'il est envisagé aujourd'hui pose décidément bien plus de questions
qu'il n'en résoudra.
Patrick JOURON
Président de
Roquebrune-Alternative 2020
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