L'effondrement
du pont Morandi à Gênes
aura causé une véritable psychose, et pas seulement en Italie. De l'autre côté des Alpes, on a commencé à regarder
avec suspicion les ouvrages d'art récemment édifiés comme le pan de Normandie ou le viaduc de Millau en se demandant lequel flancherait le premier. Même les ponts les plus modestes n'échappent pas à la
suspicion générale. Si l'on en croit un rapport daté de juillet
dernier, 840 de nos ponts seraient
dans un état dégradé.
Bien entendu,
il ne s'agit pas d'alimenter des peurs injustifiées. Mais la catastrophe
de Gênes pose de vraies questions, et des questions dérangeantes.
La
première de ces questions a été posée par le ministre de l'Intérieur italien Matteo Salvini,
eurosceptique convaincu
qui a directement mis en cause les politiques d'austérité imposées par l'Union Européenne.
Si la part de mauvaise foi est flagrante dans cette
accusation, le problème demeure: l'orthodoxie budgétaire peut-elle prendre
le pas sur la sécurité des citoyens?
Il y a l'Europe, mais
il y a aussi la France. Le rapport sur l'état de nos ponts souligne que les ouvrages les plus dégradés sont souvent gérés par les collectivités locales. Fort bien, mais il faut alors donner à ces collectivités les
moyens humains et financiers de remplir leur mission, qui est une mission de service public.
La réduction des dotations aux collectivités constitue à cet égard un signal des plus inquiétants. L'actuel gouvernement considère-t-il la sécurité de nos routes comme un luxe?
La réduction des dotations aux collectivités constitue à cet égard un signal des plus inquiétants. L'actuel gouvernement considère-t-il la sécurité de nos routes comme un luxe?
Enfin, il y
a la privatisation du réseau autoroutier, accélérée sous le gouvernement Villepin, et dont le premier résultat a été l'explosion des tarifs des péages. Malgré toutes les bonnes intentions, une société privée
a pour but premier de générer des profits. Quels sont aujourd'hui les moyens à
la disposition de l'Etat pour corriger une telle logique?
Décidément, l'effondrement
du pont nous entraîne vers de redoutables remises en cause.
Patrick
JOURON
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