Le rire, la moquerie, la dérision sont des entreprises de purification, de
déblaiement. Ils préparent des salubrités futures. ( Romain GARY )



mardi 13 novembre 2018

Célébration de l'Armistice de 1918 à Roquebrune-sur-Argens dans la dignité et le souvenir...


A Roquebrune-sur-Argens, la célébration de l’Armistice du 11 Novembre 1918 a été poignante et pleine de sensibilité. Beaucoup n’ont pu retenir leurs larmes en entendant les chants des jeunes des écoles et l’appel du nom de tous les militaires, « mort pour la France », à l’occasion de cette guerre que l’on disait être la « dernière ». L’assistance, très nombreuse et intergénérationnelle a également apprécié le rappel, fait, par le maire, Jean-Paul Ollivier, du particularisme de la commune durant et après la guerre de 1914-1918.
Par contre, au niveau national, elles auront eu un curieux parfum les cérémonies du centenaire de l'armistice de 1918. On n'y parla pas de victoire et les maréchaux n'y ont pas été honorés. L'armée n’a pas défilée pas sur les Champs-Elysées. Il n’y a eu qu’une simple cérémonie en l'absence du président de la République, théoriquement chef des armées.
Pourtant, l’Armistice fut bien une victoire avec tous ses attributs. L'ennemi était bel et bien vaincu et nous avons récupéré l'Alsace-Lorraine. L'affront de Sedan était lavé. Dans la mémoire française, les Allemands ne sont pas passés à Verdun et les souffrances des poilus n'ont jamais, dans nos familles, effacé véritablement leur héroïsme.
Nous étions fiers de leur sacrifice. Que la paix ait été gâchée par un traité mal fichu est une autre affaire.
Emmanuel Macron a beaucoup de chance: les derniers poilus sont morts, rattrapés par l'âge. Le président de la République a eu les mains libres pour transformer la célébration en opération de politique internationale, voire de politique tout court. Ce n'est pas un hasard si le chef de l'Etat a préféré rencontrer les élus locaux (avec lesquels il n'est pas en très bons termes) lors d'un «déjeuner républicain», plutôt que d'aller d'abord à la rencontre des familles de combattants.
Il y a quelque chose de gênant dans cette façon de prendre ses aises avec la mémoire.   
Pour Emmanuel Macron, la guerre de 14-18 est quelque chose de bien lointain. Né en 1977, il n'a pas - ou peu - connu les anciens combattants de sa famille et son savoir sur la Grande Guerre est d'abord livresque.
Tout de même, le chef de l'Etat semble ignorer que dans mainte famille trône encore sur une cheminée la photographie de l'arrière-grand-père en tenue bleu horizon. Il oublie aussi que plus d'une aïeule a entendu sa mère lui raconter l'explosion d'allégresse nationale qui salua l'annonce de la fin des combats. A-t-il même entendu parler des larmes de ces veuves et de ces orphelins qui savaient, que pour eux, il y avait un mari et un papa qui ne reviendrait pas.

Bien sûr, il fallait consoler Angela Merkel, mais ne pouvait-on le faire autrement qu'en sacrifiant notre mémoire?

Patrick JOURON
Président de Roquebrune-Alternative 2020

 

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