Deux ans après l'élection d'Emmanuel Macron et six mois après le début des Gilets jaunes, la France semble non seulement déboussolée mais complètement atomisée. Elle semble en effet divisée en une multitude de groupes et de communautés qu'on peut éventuellement regrouper en trois grandes catégories.
Il y a d'abord ceux qui continuent à croire au jeu politique traditionnel. Ceux-là animent une campagne pour les européennes qui patine et n'intéresse pas grand monde. On y voit le chef de l'État en profiter pour imposer une nouvelle confrontation directe avec Marine Le Pen, espérant rejouer le duel du deuxième tour de 2017. Du coup, la patronne du Rassemblement national veut faire de l'élection du 26 mai un référendum anti-Macron, citant de Gaulle qui avait accepté le verdict de 1969 en démissionnant. Les 34 listes validées par le Conseil d'État témoignent de l'émiettement.
Ensuite, il y a les jusqu'au-boutistes des Gilets jaunes, incapables de s'unir pour autre chose que des défilés et plus ou moins contaminés par les professionnels de la revendication, les blacks blocs et les casseurs. Leurs aspirations de départ sont toujours jugées légitimes mais les simples citoyens ne supportent plus leurs dégâts à l'économie : commerces en berne, faillites d'entreprises et baisse du tourisme étranger.
Vient enfin le reste de la population, trimbalée entre Grand Débat, milliards aggravant les dépenses publiques et diminutions annoncées d'impôts. Elle se trouve dans le même état que la météo, maussade la plupart du temps. Elle ne comprend pas que le président de la République accueille les deux touristes otages au Burkina Faso qui, enfreignant les consignes de sécurité, ont entraîné la mort de deux des militaires français envoyés les libérer. Profitant malgré tout des trois ponts du mois de mai, elle se dirige mollement vers les grandes vacances.
En réalité, la France apparaît en miettes. On a l'impression que le pays s'enfonce dans la parcellisation des identités, avec ses multiples communautés juxtaposées. Les liens communs se distendent alors que de petits groupes agissent de plus en plus ouvertement pour déstructurer et diviser la France, ignorée ou rejetée en même temps qu'accusée de tous les maux.
Patrick
JOURON
Président de Roquebrune-Alternative 2020
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire