Le SARS-CoV-2
est un banal virus provoquant une banale maladie, le Covid-19, très contagieuse
et parfois mortelle. Ce minuscule virus est en train de provoquer un
bouleversement sans pareil de notre société, plus encore, un bouleversement
sans pareil de notre vision de nous-mêmes et du monde.
Les frontières
se ferment, l’Etat-providence est vanté par ceux qui le stigmatisaient hier,
les services publics sont soudain réhabilités et ce n’est qu’un début.
Nous nous
croyons capables de tout comprendre de l’univers, d’organiser le monde à notre
convenance, de braver la nature, de rendre les hommes immortels. Toujours le
même orgueil insensé. Nous ne sommes pas tout-puissants. Aussi savants que nous
soyons, les limites de l’inconnu reculent au fur et à mesure des progrès de la
connaissance.
La crise
sanitaire est en train de provoquer une crise économique, financière, sociale,
politique, humaine… en un mot, une crise anthropologique. L’anthropologie est
une science difficile car le sujet observant est aussi l’objet observé.
Si le débat politique pouvait
être élargi peut-être que des réponses nous amèneraient à repenser notre mode
de production, à revoir le système économique et à repenser un projet de
société face à la menace sur l'environnement, les épidémies et la paix sociale.
Malheureusement, ces interrogations semblent encore hors de l’agenda, hors de
sujets à traiter par des faiseurs d’opinion : journalistes, commentateurs des
médias et politiciens.
Depuis plus d'un an,
médecins, infirmières, chercheurs se mobilisent pour protester et
dénoncent la dégradation des hôpitaux publics !
Au nom de l'efficacité
économique, de nombreux hôpitaux en France ont été fermés, les coûts de
fonctionnement des hôpitaux ont été réduits et les ressources pour la recherche
scientifique aussi. Il y a quelques mois, tous les chefs de service des
hôpitaux publics en France ont démissionné collectivement pour protester contre
la politique néolibérale du gouvernement Macron.
Cela étant rappelé,
l’histoire montre que l’épidémie terminée, le cours du monde reprendra alors
qu’il devrait y avoir un avant et un après la crise.
Il existe des domaines
d’activité et de production qu’un pays développé ne saurait en aucun cas
sous-traiter ou délocaliser, à commencer par la santé et l’alimentation. Les
Français viennent de découvrir avec effarement que nombre de nos médicaments et
de nos équipements de production proviennent en quasi-totalité de Chine. Ceci
n’est plus acceptable.
Notre état, si prompt à
intervenir dans les moindres détails de notre organisation collective, n’a pas été
prêt à faire face à une situation de crise majeure et soudaine. Nous sommes en
guerre, peut-être, mais nous constatons une impréparation totale et une
incapacité de mobiliser nos forces économiques. Les bonnes volontés se sont
manifestées mais il manque l’impulsion que l’on connaît en temps de guerre.
Le confinement va avoir un
coût extraordinaire, supérieur sans doute à 100 milliards d’euros. Il ne sert à
rien de le dissimuler aux Français. « L’Etat paiera » est une formule
trompeuse. L’argent de l’Etat n’est rien d’autre que le produit du travail des
citoyens. Un homme d’Etat a le devoir supérieur de dire la vérité ;
protéger n’est pas mentir. Nous ne pourrons pas nous permettre de prendre nos
vacances cet été comme si rien ne s’était passé. Il faudra travailler pour
rattraper une partie de la production perdue et cela, sans prime.
Restons
mobilisés, solidaires mais conscients de notre propre fragilité et de celle de
notre pays …
Patrick JOURON
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire