Le rire, la moquerie, la dérision sont des entreprises de purification, de
déblaiement. Ils préparent des salubrités futures. ( Romain GARY )



lundi 30 octobre 2017

Vous avez dit délation ?


Le Code pénal français porte que « la dénonciation, effectuée par tout moyen et dirigée contre une personne déterminée, d'un fait qui est de nature à entraîner des sanctions judiciaires, administratives ou disciplinaires et que l'on sait totalement ou partiellement inexact [ ... ] est punie de cinq ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende ».
   Cela devrait en faire réfléchir plus d’un sur notre belle commune de Roquebrune-sur-Argens.
Dans un pays où plusieurs millions de lettres de dénonciation anonymes ont éenvoyées sous l'Occupation et à la Libération, on peut s'interroger sur la surenchère qui semble s'être instaurée après ce qui a été divulgué sur un producteur d'Hollywood - pourtant psumé innocent tant qu'il n'a pas été condam.
Octobre 2017 aura donc vu "dénonciation" prendre le sens de « parole libérée » et devenir un acte de courage, voire même un devoir moral et civique. En fait, l'expression « balance ton porc » n'a rien perdu de sa vulgarité en recevant le soutien de la secrétaire d'État auprès du Premier ministre chargée de l'Égalité entre les Femmes et les Hommes. Cela n'a fait que donner à cette campagne le statut de dernier gadget idéologique à la mode, certains parlant même de Délathon tant on a eu l'impression d'une surenchère dans les « révélations » même les plus approximatives.
Bien entendu, ne sont en cause ni le caractère odieux des faits ni les souffrances des victimes, qui disposent d'ailleurs d'un bon arsenal juridique pour faire condamner les auteurs de ces faits.
Au moment où on « balance un porc » anonymement sur les réseaux sociaux, il convient de prendre la mesure du problème. Dans le monde universitaire par exemple, on peut croiser, au tour d'un couloir où d'un colloque, un collègue plus âgé, de l'autre ou du même sexe, prêt à «  aider » le jeune chercheur contre une faveur sexuelle. Ces situations, on le sait, se rencontrent dans tous les milieux et le déballage actuel, outre qu'il prend parfois des allures de règlement de compte, semble surtout permettre de se défausser sur des boucs émissaires. Comment en effet s'empêcher de tout étonnement devant ces nouveaux professeurs de vertu qui, jusque-là, traitaient la femme en objet de consommation - pas seulement publicitaire - et tournaient en dérision le respect, la décence, la retenue et même la galanterie, cet hommage de la virilité à la féminité?

Patrick JOURON

 

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