Le Code
pénal français porte que « la dénonciation, effectuée par tout moyen et dirigée contre une personne déterminée, d'un fait qui est de nature à entraîner des sanctions judiciaires, administratives ou disciplinaires et que l'on sait totalement ou partiellement inexact [ ... ] est punie de cinq ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende ».
Cela devrait en faire réfléchir plus d’un
sur notre belle commune de Roquebrune-sur-Argens.
Dans
un pays où plusieurs millions de lettres de dénonciation anonymes ont été envoyées sous l'Occupation et à la Libération, on peut s'interroger sur la surenchère qui semble s'être instaurée après ce qui a été divulgué sur un producteur d'Hollywood
- pourtant présumé innocent tant qu'il n'a pas été condamné.
Octobre
2017 aura donc vu "dénonciation" prendre le sens de « parole libérée » et devenir un acte de courage, voire même un devoir moral et civique. En fait, l'expression « balance ton
porc » n'a rien perdu de sa vulgarité
en recevant le soutien de la secrétaire
d'État auprès du Premier ministre chargée de l'Égalité entre les Femmes
et les Hommes. Cela n'a fait que
donner à cette campagne le statut de dernier gadget idéologique à la mode, certains parlant même de Délathon tant
on a eu l'impression d'une surenchère dans les « révélations »
même les plus approximatives.
Bien
entendu, ne sont en cause ni le
caractère odieux des faits ni les souffrances des victimes,
qui disposent d'ailleurs d'un bon arsenal juridique pour faire condamner les auteurs de ces faits.
Au moment où on « balance un porc » anonymement sur les réseaux sociaux, il convient
de prendre la mesure du problème. Dans le monde universitaire par exemple, on peut croiser, au détour d'un couloir où d'un colloque, un collègue plus âgé, de l'autre ou du même sexe, prêt à « aider »
le jeune chercheur contre une faveur sexuelle. Ces
situations, on le sait, se rencontrent
dans tous les milieux et le déballage actuel, outre qu'il prend parfois des allures de règlement de compte,
semble surtout permettre de se
défausser sur des boucs émissaires. Comment en
effet s'empêcher de tout étonnement
devant ces nouveaux professeurs de vertu qui, jusque-là, traitaient la femme en objet de consommation - pas
seulement publicitaire - et tournaient en
dérision le
respect, la décence, la retenue et même la galanterie, cet hommage de la virilité à la
féminité?
Patrick JOURON
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