Le rire, la moquerie, la dérision sont des entreprises de purification, de
déblaiement. Ils préparent des salubrités futures. ( Romain GARY )



jeudi 6 décembre 2018

Les "gilets jaunes"...



Je vais en défriser quelques-uns ? Tans pis.
Aucune voix ne semble s'élever pour contredire le mouvement des «gilets jaunes» dans le fond. Étonnant ? Non, près de trois Français sur quatre (72 %) se reconnaissent dans les revendications de ce mouvement, selon le baromètre BVA du 23 novembre.  Le politiquement correct du moment est donc d'enfiler son gilet... J’ai, personnellement, soutenu la première semaine ce qui semblait être une revendication bon enfant et quelque part humaniste. Pour moi, c’est maintenant terminé.
D'un côté, les partis d'opposition tentent de récupérer, comme ils le peuvent, les protagonistes et les idées de ce mouvement. De l'autre, la majorité semble débordée et rejette la faute sur les extrêmes.  
La non-structure de ce mouvement est en fait son obstacle majeur. Formé à la suite de la hausse de la fiscalité sur les carburants, il a mené à des revendications de plus en plus loufoques et insensées. La plus absurde est sans doute la démission ou la destitution, selon les voix, d'Emmanuel Macron. Élu il y a un an et demi !
Les plus incohérentes sont finalement le cœur du mouvement: plus de prestations sociales, moins d'impôts et de taxes. Sans doute est-il utile de rappeler que l'État redistribue, directement ou indirectement, tout ce que qu'il collecte. D'ailleurs, il redistribue même plus que ce qu'il collecte, d'où la méforme de ses finances. Supprimer profusément impôts et taxes ne peut que renforcer l'injustice sociale que veulent combattre les «gilets jaunes» et creuser toujours plus les inégalités.
Lorsqu'ils sont interrogés, sur les plateaux de télévision ou au bord d'une départementale, les «gilets jaunes» réclament leur action comme étant un sauvetage, une délivrance collective. Tout juste n'auraient-ils pas été appelés par un quelconque dieu ; ils disent vouloir secourir les Français de la pression fiscale et de l'autoritaire Macron. 
Où est leur légitimité ? Est-ce au nom d'un accord commun trouvé sur les réseaux sociaux que l'on doit organiser notre démocratie. Les Français ont élu leurs représentants il y a tout juste 18 mois et devront s'y tenir 42 de plus. Certes la démocratie c'est la liberté de penser, de s'exprimer, de manifester.
Oui, manifester justement, une notion qui semble totalement étrangère aux «gilets jaunes» lorsque l'on voit pendant huit jours les opérations de blocages d'abord, puis le chaos sur les Champs-Elysées du samedi 24. 
Depuis samedi 17 novembre, une certaine presse nous dit qu’il semble impossible de contester aussi bien les desiderata que les actions des «gilets jaunes».  On nous dit d'une part que les blocages et autres manifestations sur des lieux non autorisés sont les seuls moyens pour eux de faire entendre leurs idées. D'autre part, on voit s'alimenter à foison ce ressentiment de «french bashing» décrivant un pays oppressant et surchargé d'impôts. 
L'idée même qu'une critique sur le mouvement puisse être énoncée fait de son émetteur un bourgeois de la ville déconnecté des réalités du peuple. Alors qu'en fait, les idées de déclassement social, d'abandon des espaces ruraux, d'état de survie activée en fin de mois et de fiscalité punitive sont recevables et très concrètes. La colère des Français doit en effet être entendue: mais dans les urnes.
Il est probablement temps de se rendre compte de la chance qu'est de vivre en France. Bercés dans les écoles et soignés dans les hôpitaux gratuitement avant d'être nourris aux prestations. Voilà sur quoi les «gilets jaunes» devront tirer un trait dans un pays sans taxes ni impôts. Un peu de cohérence serait utile…

Ceci étant, rassurez-vous, je ne suis pas macroniste…

Patrick JOURON
Président de Roquebrune-Alternative 2020

 

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