Je vais en défriser quelques-uns ? Tans pis.
Aucune voix ne semble s'élever pour contredire le mouvement des
«gilets jaunes» dans le fond. Étonnant ? Non, près de trois Français sur quatre
(72 %) se reconnaissent dans les revendications de ce mouvement, selon le baromètre BVA du 23 novembre. Le
politiquement correct du moment est donc d'enfiler son gilet... J’ai,
personnellement, soutenu la première semaine ce qui semblait être une
revendication bon enfant et quelque part humaniste. Pour moi, c’est maintenant
terminé.
D'un côté, les partis d'opposition
tentent de récupérer, comme ils le peuvent, les protagonistes et les idées de
ce mouvement. De l'autre, la majorité semble débordée et rejette la faute sur
les extrêmes.
La non-structure de ce mouvement est en
fait son obstacle majeur. Formé à la suite de la hausse de la fiscalité sur les carburants, il a mené à des revendications
de plus en plus loufoques et insensées. La plus absurde est sans doute la
démission ou la destitution, selon les voix, d'Emmanuel Macron. Élu il y a un
an et demi !
Les plus incohérentes sont finalement le
cœur du mouvement: plus de prestations sociales, moins d'impôts et de taxes.
Sans doute est-il utile de rappeler que l'État redistribue, directement ou
indirectement, tout ce que qu'il collecte. D'ailleurs, il redistribue même plus
que ce qu'il collecte, d'où la méforme de ses finances. Supprimer profusément impôts et taxes ne
peut que renforcer l'injustice sociale que veulent combattre les «gilets
jaunes» et creuser toujours plus les inégalités.
Lorsqu'ils sont interrogés, sur les
plateaux de télévision ou au bord d'une départementale, les «gilets jaunes»
réclament leur action comme étant un sauvetage, une délivrance collective. Tout
juste n'auraient-ils pas été appelés par un quelconque dieu ; ils
disent vouloir secourir les Français de la pression fiscale et de l'autoritaire Macron.
Où est leur légitimité ? Est-ce au nom
d'un accord commun trouvé sur les réseaux sociaux que l'on doit organiser
notre démocratie. Les Français ont élu leurs représentants il y a tout juste 18
mois et devront s'y tenir 42 de plus. Certes la démocratie c'est la liberté de
penser, de s'exprimer, de manifester.
Oui, manifester justement, une notion
qui semble totalement étrangère aux «gilets jaunes» lorsque l'on voit pendant
huit jours les opérations de blocages d'abord, puis le chaos sur les
Champs-Elysées du samedi 24.
Depuis samedi 17 novembre, une certaine
presse nous dit qu’il semble impossible de contester aussi bien les desiderata
que les actions des «gilets jaunes». On nous dit d'une part que les
blocages et autres manifestations sur des lieux non autorisés sont les seuls
moyens pour eux de faire entendre leurs idées. D'autre part, on voit
s'alimenter à foison ce ressentiment de «french bashing» décrivant un pays
oppressant et surchargé d'impôts.
L'idée même qu'une critique sur le
mouvement puisse être énoncée fait de son émetteur un bourgeois de la ville
déconnecté des réalités du peuple. Alors qu'en fait, les idées de déclassement
social, d'abandon des espaces ruraux, d'état de survie activée en fin de
mois et de fiscalité punitive sont recevables et très concrètes. La colère
des Français doit en effet être entendue: mais dans les urnes.
Il est probablement temps de se rendre
compte de la chance qu'est de vivre en France. Bercés dans les écoles et
soignés dans les hôpitaux gratuitement avant d'être nourris aux prestations.
Voilà sur quoi les «gilets jaunes» devront tirer un trait dans un pays sans
taxes ni impôts. Un peu de cohérence serait utile…
Ceci étant, rassurez-vous, je ne suis pas macroniste…
Patrick JOURON
Président de Roquebrune-Alternative 2020
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